Page:Rignano, La question de l’héritage, 1905.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 40 —

cial annuel et la continuelle formation de capitaux qui en est la conséquence venaient à cesser, ou diminuaient considérablement, non seulement le montant total des capitaux d’une nation n’augmenterait plus, mais il diminuerait même avec une épouvantable rapidité.

La suppression de l’hérédité aurait pour conséquence, dans ce temps qu’il faut à une génération pour achever son destin, non seulement l’arrêt du développement du capital social, c’est-à-dire de la production, mais la consommation destructive de ce capital social, dont la société a besoin aujourd’hui pour pourvoir à son entretien, et le retour à la barbarie. Et c’est pourquoi, tant que la propriété privée subsistera, tant que la fonction de la capitalisation sera dévolue aux particuliers, l’hérédité des biens ne pourra pas être supprimée[1].


  1. Le collectivisme propose, en même temps que la socialisation de tous les moyens de production, le transfert à la société de la fonction capitalistique. Mais la mise en œuvre complète du plan d’organisation de la production collectiviste présente d’énormes difficultés. Le collectivisme, en outre, n’offre peut-être pas des garanties suffisantes pour ce qui est de l’accomplissement de cette fonction qui nous occupe. Enfin les collectivistes doivent s’inquiéter de savoir comment ils installeront ce régime nouveau dont ils sont partisans ; et nous verrons au chapitre 5 que pour effectuer le passage du régime présent au régime collectiviste, il n’y a pas de moyen qui vaille l’application de cette réforme de l’héritage que nous allons bientôt exposer.