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d’abord, le problème de la translation des impôts, malgré d’habiles essais de solution théorique (celui de Pantaleoni, par exemple dans sa Teoria dalla traslasione dei tributi), est, pratiquement, impossible à résoudre, car chaque impôt se répercute de façons infiniment diverses dans l’État, selon d’infinies diversités de circonstances. Ici, les principes mêmes sont absolument arbitraires. Mais quand il serait possible de s’entendre sur le choix de celui qui devrait servir de base au système des contributions, soit que l’on prit celui de Smith sur l’assurance, ou celui de la jouissance, ou celui de la capacité de contribuer, ou celui du sacrifice égal, ou un autre, on pourrait arriver arbitrairement (on est, en fait, arrivé avec chacun d’eux) à la proportionnalité de l’impôt aussi bien qu’à sa progressivité, ou même à une progressivité à rebours, et à des progressions très faibles ou très fortes.

Voilà donc tout un ensemble de graves inconvénients.

« Toutes les recherches et les observations précédentes », dit Wagner dans la conclusion de sa Science des finances, « prouvent que la « formation d’un système d’impôts rationnel, théoriquement juste, pratiquement utile, constitue sous tous les rapports un problème énormément ardu et que l’on ne peut résoudre que d’une façon très imparfaite… Les inconvénients inévitables des impôts démontrent que si, dans son ensemble, le développement de la fonction de l’État est né-