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Page:Rilke - Histoires du Bon Dieu.pdf/17

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— Oui, entendis-je répondre ma voisine, vous avez raison, madame Hupfer, c’est un automne d’une rare beauté.

Puis les femmes se séparèrent. Mme Hupfer gloussa encore :

— Et bien des choses à vos petits, s’il vous plaît.

Ma bonne voisine n’écoutait plus ; elle était quand même curieuse de connaître mon histoire. Mais, avec une cruauté incroyable j’affirmai :

— Voilà que je ne sais vraiment plus où nous en étions restés.

— Vous disiez justement quelque chose de sa tête, c’est-à-dire…

Ma voisine devint toute rouge.

Elle me faisait vraiment pitié et je me dépêchai de raconter :

— Oui, voyez-vous, tant qu’il n’avait formé que des choses, le bon Dieu n’avait pas besoin de regarder continuellement vers la terre. Rien ne pouvait s’y passer. Sans doute, le vent franchissait déjà les montagnes, si semblables aux nuages qu’il connaissait depuis longtemps, mais il évitait encore les cimes des arbres avec