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Page:Rilke - Histoires du Bon Dieu.pdf/37

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voudrais vivre ». Il y aura d’abord autour de toi une petite obscurité, puis une grande obscurité qui s’appelle l’enfance, et ensuite tu seras un homme et tu monteras sur la montagne, ainsi que je te l’ai ordonné. Tout cela ne dure qu’un instant. Adieu. »

La main droite prit congé de la gauche, lui donna beaucoup de noms aimables. Oui, l’on affirme même que, soudain, elle se serait inclinée devant l’autre, et aurait dit : « Ô saint esprit ! » Mais déjà saint Paul s’approchait, coupait la main droite du bon Dieu, et un archange la recevait et l’emportait sous son large vêtement. De sa main gauche cependant Dieu couvrait la blessure pour empêcher que son sang ne coulât sur les étoiles, et de là ne retombât en tristes gouttes sur la terre. Peu de temps après, Dieu qui observait attentivement tout ce qui se passait en bas, remarqua que des hommes vêtus de fer se faisaient autour d’une certaine montagne plus nombreux et plus actifs qu’autour de toutes les autres. Et il attendit de voir apparaître sa main. Mais il ne vit paraître qu’un homme enveloppé d’un manteau rouge, semblait-il, et qui traînait avec peine