Aller au contenu

Page:Rilke - Poésie (trad. Betz).pdf/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cette pudeur farouche, la même discrétion devaient se manifester jusque dans ses derniers gestes, lorsque, par exemple, il tremblait qu’on ne surprît son visage dans sa crispation suprême, ou qu’il refusait les piqûres, pour mourir, disait-il, de sa mort à lui, et non de celle des médecins.

À la fin de décembre 1926, quelques amis l’ont accompagné jusqu’à la petite église de Rarogne, en face de laquelle son vœu était d’être rendu définitivement à cet âpre climat de la mort et de la montagne qui déjà avait commencé de régner dans ses derniers poèmes.

Abandonné sur les montagnes du cœur…

Au commencement de Rilke était la poésie, et à sa fin encore, chaque parole qu’il prononçait en était chargée. Mais cette poésie n’est pas toujours demeurée la même. Peu à peu elle a absorbé toutes les joies, toutes les souffrances, toute la vie.

« Car les vers ne sont pas, comme certains croient, des