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place, je serai rentier. Quand même on en voudrait une, pourquoi apprendre le latin ; personne ne parle cette langue. Quelquefois j’en vois sur les journaux, mais Dieu merci, je ne serai pas journaliste.

Pourquoi apprendre et de l’histoire et de la géographie ? On a, il est vrai, besoin de savoir que Paris est en France, mais on ne demande pas à quel degré de latitude. De l’histoire, apprendre la vie de Chinaldon, de Nabopolassar, de Darius, de Cyrus, et d’Alexandre et de leurs autres compères remarquables par leurs noms diaboliques, est un supplice ?

Que m’importe moi qu’Alexandre ait été célèbre ? Que m’importe… Que sait-on si les latins ont existé ? C’est peut-être quelque langue forgée ; et quand même ils auraient existé, qu’ils me laissent rentier et conservent leur langue pour eux. Quel mal leur ai-je fait pour qu’ils me flanquent au supplice.

Passons au grec… cette sale langue n’est parlée par personne, personne au monde !… Ah ! saperlipotte de saperlopopette ! sapristi moi je serai rentier ; il ne fait pas si bon de s’user les culottes sur les bancs… saperlipopettouille !

Pour être décrotteur, gagner la place de décrotteur, il faut passer un examen, car les places qui vous sont accordées sont d’être ou décrotteur ou porcher ou bouvier. Dieu merci, je n’en veux pas moi, saperlipouille !

Avec ça des soufflets vous sont accordés pour récompense, on vous appelle animal, ce qui n’est pas vrai, bout d’homme, etc.

La suite prochainement
ah ! saperpouillotte ! »
(1864)
Arthur.