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LA MER ET LES POISSONS.

Dans les champs de la mer, le succès des cultures est subordonné à la condition qu’elles seront mises à l’abri du dragage des filets balayeurs. C’est de cette condition qu’y dépend aussi la germination et le développement des semailles naturelles. Or, si le résultat immense de l’œuvre providentielle se produit pleinement sous la simple réserve de le protéger de la même manière que nous sauvegardons le résultat intime des cultures, il est complètement sans objet, au point de vue de l’intérêt général, de créer laborieusement une mesquine superfétation. L’œuvre générale protégée et assurée, il n’y a rien à faire d’une œuvre artificielle.

Ainsi, même dans le cas où les théories que nous combattons auraient un plein succès, il n’en pourrait sortir que les invirtuelles conséquences d’une invention sans portée.

Mais les obstacles qui s’opposent à la culture du poisson ne sont pas de nature à fléchir sous le joug de l’intelligence humaine. Ici, ce qui est peut-être possible scientifiquement et dans une mesure restreinte, ne l’est pas pratiquement et d’une manière générale. Nous le regrettons pour les philantropiques espérances de certains savants, il n’y a pas davantage à attendre, quant à la mer, des moyens rudimentaires de la prétendue science qui apparaît à leur esprit généreux avec les mains pleines de riches promesses pour l’avenir.

Et que l’on ne dise pas, avec trop de confiance, que la culture des eaux salées est un fait nouveau, que les savants qui s’en occupent ne désespèrent pas de la réussite de leurs tentatives et que, en l’état de la question, il n’y a pas lieu de se prononcer.

La question de savoir si le poisson est ou n’est pas domesticable est vieille comme le vieux monde. Elle a dû surgir dès le jour où l’homme mangea le premier poisson qu’il eût capturé. Ce que nous savons de positif, à cet égard, c’est qu’il n’y