Page:Rimbaud - La Mer et les poissons, 1870.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
LA MER ET LES POISSONS.

terranée[1], M. Sabin Berthelot, un savant de bonne foi qui a consacré plus de quarante ans de sa longue et laborieuse existence, à l’étude des sciences naturelles et particulièrement des secrets de la mer. Il nous écrit :

« La polémique que vous soutenez fait honneur à vos convictions qui sont aussi les miennes. Après tout ce que vous avez déjà dit et prouvé, il serait difficile de mieux dire et de rien ajouter à l’illustration d’une cause que vous défendez avec tant d’éloquence. Vraiment, je ne sais comment il peut se trouver encore des gens qui contredisent vos doctrines et tournent le dos à la vérité. Il n’y a que les aveugles de naissance qui nient la lumière ; encore, si ceux-là ne voient pas le soleil, du moins en ressentent-ils la chaleur. »

Vous qui nous croyez dans l’isolement, entendez-vous cette voix autorisée qui se joint à la nôtre pour proclamer le néant de vos théories ?

Mais, si vous ne voulez pas écouter les avertissements de l’expérience, au moins étudiez la nature, afin de découvrir la cause de votre désappointement. Il ne s’agit pas d’apprendre par cœur l’anatomie si variée du poisson et de savoir combien chaque espèce a de rayons à ses nageoires : il faut seulement vous mettre à même de juger par quelles différences essentielles les lois de la mer se distinguent de celles de la terre. Ces différences sont si marquées qu’elles sautent tout de suite aux yeux du praticien. Nous les résumons ainsi :

La terre est une féconde nourrice et, en même temps, la source de toutes les richesses qui font le bien-être de l’Humanité. Toutefois, ces richesses resteraient dans leurs germes si l’homme ne les développait par son intelligent travail, par ses glorieuses entreprises ;

  1. Un vol. in-8o ; 1869, Challamel aîné, éditeur, Paris.