La mer est aussi une féconde nourrice, mais elle n’est guère que cela et elle l’est sans le secours du travail humain ;
En d’autres termes, si la terre veut être cultivée pour livrer les biens qu’elle recèle en principes et en ébauches, il n’en est pas ainsi de la mer, dont la production se parfait d’elle-même. La seule chose que l’homme ait à faire ici, c’est de recueillir avec une intelligente réserve le bienfait d’une œuvre qui se produit pleinement sans son intervention.
Voilà ce qui apparaît de l’examen des lois supérieures de gouvernement auxquelles la terre et l’eau obéissent : d’un côté, un régime qui réclame le concours du travail humain et ne saurait s’en passer ; de l’autre, un ordre de choses repoussant ce concours.
Il est vrai qu’en raisonnant ainsi, nous considérons les choses, les bêtes et les gens dans leur état et dans leurs facultés actuels, sans tenir compte de ce qu’ils ont été, ni de ce qu’ils pourront devenir par la suite des siècles, selon ce que nous enseigne la science des Lamarck, des Darwin et des Geoffroy Saint-Hilaire. S’il est exact que l’action des milieux, de l’habitude et du temps modifie et change d’une manière illimitée, les types animaux ; si de l’exercice ou du repos des appareils de l’organisme animal, résulte des transformations progressives ou régressives des races et des espèces ; si, avant d’être des habitants du sol, le cheval, le bœuf, le mouton et tous les autres mammifères ongulés avaient été des habitants de l’eau ; si la baleine et les autres cétacés, après avoir été des reptiles sauriens semblables au crocodile, ont pu revêtir la forme de poissons, en subissant la perte de leurs membres inférieurs et la transformation de leurs membres antérieurs en nageoires ; si, enfin, ce suprême perfectionnement du singe qui se nomme l’homme, peut, au premier jour, se voir détrôné par un être plus complet, plus parfait et peut-être amphibie, il n’est nullement dou-