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III


Si le petit poisson était domesticable le gros le serait aussi. — Le travail humain développe, sous mille formes, les ferments de richesses variées que la terre recèle ; il n’exerce aucune action fécondante dans le domaine des mers. — La seule exploitation raisonnable que comportent les eaux salées, c’est la moisson intelligente et prévoyante. — En est-il autrement des eaux douces ? — Établissement de Cadillac.

Redisons-le, nous finirons par être compris, s’il est vrai que la répétition soit la meilleure des figures de rhétorique, dans toute discussion sur l’aptitude de l’homme à interpréter les lois de la nature et à en modifier l’application selon ses besoins ou ses fantaisies, il y a nécessairement à distinguer entre ce qu’il peut et ce qu’il ne peut faire, entre ce qui est naturel et ce qui serait miraculeux.

Hippocrate et Gallien ont des remèdes contre la maladie ; ils n’en ont point contre la mort. Galilée nous a appris que la terre tournait autour du soleil, mais la science de ce célèbre astronome n’est pour rien dans le mouvement rotatoire de la planète qui nous porte. Nous devons à Papin et à Fulton la découverte de la force motrice dont la navigation et l’industrie font, aujourd’hui, un usage presque général, mais le génie de ces hommes n’a pas créé les éléments de cette force, ni l’essence constitutive d’aucune des parties de la machine qui la développe et la met en action. En somme, si l’homme fait de grandes choses, il n’a pas cependant la puissance d’opérer des miracles.