Page:Rimbaud - La Mer et les poissons, 1870.djvu/5

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

LA MER & LES POISSONS




I


Région poissonneuse de la mer ; ses limites. — Le poisson de mer est-il ou n’est-il pas domesticable ? — Ancienneté de la question.



En considérant l’immensité de la mer et la fécondité prodigieuse, excessive, des animaux qui peuplent ce domaine, on s’imagine facilement qu’il y a là le siège d’une vie non moins étendue que le réceptacle où elle se déroule. C’est une erreur.

À l’inverse des continents, dont la flore et la faune étalent leur splendeur à peu près partout, les mers renferment leur production dans une zone relativement fort étroite. Une petite partie seulement de la surface de la terre est inculte et sans vie ; c’est le contraire qui existe sous les eaux : si le désert est là une exception, il est ici la règle ; car, autant la nature animée occupe de place sur le sol terrestre, autant elle en a peu sur le sol sous-marin. Tout ou presque tout ce que la mer contient de richesses utiles à la terre, par une admirable économie de ressorts providentiels, gît accumulé ou se meut concentriquement dans les régions riveraines ou sur les saillies du gouffre que l’on désigne sous le nom de bancs.