— Ah !… qu’est-ce que t’as répond ?
— … J’ai rien répond…
Ils se turent tous les deux. Marie se tourna vers le poêle où cuisaient les pois pour la soupe. Mais il l’entendit renifler doucement, plusieurs fois. À ce moment, le chien qui dormait se leva lentement la gueule grande ouverte, montrant le rose vif de sa langue, le noir de son palais, et l’éclair blanc de ses crocs.
— Viens-citte, Pâtira.
— Pourquoi que vous l’appelez Pâtira ?
— Pourquoi que je l’appelle Pâtira ? Ben, je vais te dire, Marie. C’est un nom que j’ai vu dans un livre.
— Vous avez lu un livre ?
— Oui. J’avais trouvé ça sur un banc. Il y avait là-dedans un pas-de-chance comme moi. Il s’appelait Pâtira. Y avait tout le temps de la misère. Ce chien-là, je l’ai trouvé, y était tout seul ; sans père ni mère. Je l’ai appelé Pâtira.
— Ah ! C’est quand même un Pâtira qu’a fini par avoir de la chance à la fin.
— Ouais ! Qu’est-ce que t’en pense, mon chien ? Pour à c’t’heure, ça peut faire. Tant que ça ira de même. Mais si t’es comme moé… pas de chance !
Marie le regarda. Elle avait senti quelque chose bouger en elle-même, quelque chose de doux et de fraternel. Elle posa la main sur la tête de la bête et dit, elle aussi : « Bon chien » !
✽ ✽
Et voici qu’une grande sécheresse descendit sur la terre. Le ciel fut d’une splendeur constante et cruelle. Chaque soir, un soleil énorme s’écrasa sur l’horizon