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L’HÉRITAGE



L’homme s’arrêta un moment à la croisée des routes qui visiblement l’embarrassait. Il fallait choisir : ou continuer le long du chemin dur et s’en aller tout droit jusqu’au fond se perdre en un bois que noyait, à l’horizon, l’humide chaleur du jour, ou tourner à gauche sur la route poussiéreuse, sur la route tortueuse et plus rustique dont les buttes dépouillées semblaient bloquer le cours à quelques arpents. Elle s’amorçait au pied d’un tertre coiffé de pins qui dormaient déjà sous le soleil.

Il y avait aussi, mais à droite, gardant la croisée, une maison basse derrière une rangée d’érables-à-giguère, et dont le flanc était ulcéré d’affiches criardes.

L’homme choisit de monter sur le tertre dont l’ombre invitante s’annonçait à travers la trame des branches. Il y grimpa obliquement, d’un pas solide et las ; foulant le tapis d’aiguilles qui criaient sous le pied, il parvint à une pointe sablonneuse au delà de laquelle le sol se dérobait.

Son habit neuf et sa chemise de couleur vive couvraient une bonne carrure et des épaules horizontales, affirmatives qui, se dessinant sur le ciel, faisaient pen-