Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/122

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uns de ces sonneurs de tocsin ; et, si un seul brigand perdait un cheveu, ils égorgeraient le déclarant. » Leur intention première semblait être d’aller plus loin avec le prisonnier ; l’alerte les avait déterminés à rester là[1].

Demeuré seul après le départ du chirurgien, le Sénateur chercha à se rendre compte où il était. Un pied, que, par hasard, il avait dans sa poche, lui permit de mesurer les dimensions de son cachot, caveau carré, long et large de neuf pieds, haut de cinq : le prisonnier, vu sa taille (cinq pieds neuf pouces) était obligé de se tenir couché ou courbé, position des plus pénibles. À une des extrémités, un escalier de pierre, de cinq marches, aboutissait à une porte solidement barrée. Au centre de la voûte, une ouverture, fermée par une pierre, donnait accès dans le caveau : sur la requête du prisonnier, heureux de respirer l’air du dehors et de rester un instant debout, ses bourreaux consentirent, à condition qu’il aurait les yeux bandés, à lever la trappe de temps à autre. Le caveau, – on le sut plus tard, – avait, sous la Révolution, servi de refuge à des prêtres réfractaires et de dépôt caché de grains. Aux bruits perçus, quand la trappe était levée, allées et venues de gens, pas et hennissements de chevaux, cris de chiens et de volailles, roulement de charrettes et de tonneaux, heurts de seaux, grincement du puits, le prisonnier devina qu’il était dans une ferme habitée.

Le caveau était humide et froid. Par commisération, on substitua à la paille donnée le premier jour un matelas et une couverture, faible douceur

  1. Dossier d’Angers.