ma vive et éternelle gratitude. Salut, fraternité, et reconnaissance éternelle[1]. »
Cette lettre fut insérée au Moniteur du 25 vendémiaire. Un rapport de Fouché au Premier Consul y était joint. Il ne faisait guère que la paraphraser, et concluait : « Les brigands ne m’échapperont pas. Il y a en déjà trois d’arrêtés. Mes mesures sont tellement prises que je suis certain de les tenir avec leurs complices. » S’exalter soi-même, exploiter l’heureuse issue de l’affaire au bénéfice de son crédit personnel, ou la faire exploiter par des journaux à sa dévotion, telle désormais sera la tactique de Fouché. Déjà, dans les Débats du 22 vendémiaire, une note, inspirée par lui, vantait « l’habileté de ce Ministre auquel on ne saurait donner trop d’éloges », et se terminait par cette raillerie, cruelle à Savary : « Le citoyen Savary, aide de camp du Premier Consul, ne soupçonnait pas, non plus que le Préfet, que ce fût aux agents secrets du Ministre qu’ils devaient attribuer l’heureux dénouement de cette affaire. » Renchérissant, le Moniteur, organe officiel du Gouvernement, imprimait à son tour, le 30 vendémiaire : « Le Ministre de la Police a montré autant de sagacité que de zèle. C’est un bel emploi du talent, de la part d’un magistrat, que celui qui a pour but de déjouer les tentatives des brigands, et de sauver les jours d’un citoyen aussi précieux à la République que le Sénateur Clément de Ris. » Dans cet assaut
- ↑ A. de Beauchamp et Carré de Busserolle font honneur à Fouché de la paternité de cette lettre, dont le brouillon avait, disent-ils, été apporté par Sourdat. Nous ne nous attarderons pas à discuter cette insinuation, suggérée par l’esprit de parti.