Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/135

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d’hyperboles, quelle était la part de la vérité ? Par quels moyens, par quels intermédiaires Fouché avait-il mis la main sur des gens assez puissants ou assez adroits pour arracher aux brigands leur otage ? Le moment est venu de le dire.


V

Au cours des débats qui s’ouvrirent, en brumaire an X, pour le jugement, le Commissaire du Gouvernement près le Tribunal spécial d’Angers insinua que l’enlèvement du Sénateur avait été l’acte d’anciens officiers de l’armée de Bourmont, et qu’ils avaient agi par son ordre. Les Débats du 15 brumaire reproduisirent l’imputation. Au nom de son mari, interné depuis le 21 messidor an IX à la citadelle de Besançon[1], et dont elle avait obtenu de partager la captivité, Mme de Bourmont protesta : loin d’avoir été de connivence avec les brigands, Bourmont et Sourdat avaient travaillé efficacement à la délivrance du prisonnier. La protestation fut insérée, mais l’accusation lancée garda ses croyants. On la réédita, grossie de commentaires d’autant plus perfides qu’il était plus difficile à Bourmont de faire entendre sa défense. Il l’essaya pourtant. Du fond de sa prison il rédigea, en fructidor an XI, un mémoire justificatif, sous ce titre : Mémoire sur toutes les accusations dont la voix publique a pu m’instruire, adressé par Bourmont au Grand Juge, Ministre de la Justice, de la citadelle de Besançon, le 15 fructidor an XI.

  1. Arrêté le 27 nivôse, il avait été d’abord enfermé au Temple.