Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/138

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qui lui expliqua son désir, observa qu’on ne voyageait pas sans argent, et lui en fit remettre.

Sourdat partit pour Tours, porteur d’instructions de Bourmont à l’adresse de Guillot de La Poterie, « la personne la mieux à portée, par son influence dans le pays, d’arrêter les suites fâcheuses d’un événement pareil ». Sourdat le trouva disposé à le seconder : « Tous les amnistiés déploraient, en effet, le trouble apporté, par l’enlèvement de Clément de Ris, à la tranquillité publique, à laquelle ils étaient résolus de contribuer de tout leur pouvoir. » Guillot de La Poterie s’employa loyalement à faciliter les recherches et y employa ses amis. Toutefois, ils auraient abouti difficilement, si Mme Lacroix n’était venue d’elle-même au-devant de leurs désirs[1].

À l’entendre, elle était dans un cruel embarras. Dans la nuit du 1er au 2 vendémiaire, des gens armés, inconnus d’elle et de son mari, et conduisant un prisonnier qu’ils ne connaissaient pas davantage, s’étaient présentés à La Beaupinaie une heure avant le jour. Ils s’étaient égarés et demandaient asile pour eux et pour leur captif ; en cas de refus, ils le fusilleraient, disaient-ils, et, avec lui, les époux Lacroix. Cédant à leur impérieuse volonté, ceux-ci les avaient menés au Portail et avaient donné ordre au fermier de leur obéir. Le soir, les bandits avaient révélé aux Lacroix le nom et la qualité de leur victime. Dès lors, sauver le prisonnier avait été l’unique pensée des Lacroix. Encore fallait-il attendre une occasion propice, et, jusque-là, dissimuler ; les brigands avaient déclaré que, découverts, ils mettraient à

  1. Lettre de Carlos Sourdat (dossier d’Angers).