Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/139

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mort Clément de Ris et rendraient sa famille responsable de ce qui leur arriverait de mal. Voilà pourquoi les Lacroix s’étaient tu. Les mesures prises par les autorités de Tours avaient arrêté chez eux une dénonciation dont les conséquences eussent été funestes à celui qu’ils voulaient sauver. Cependant ils ne renonçaient pas à leur projet. Sur le bruit que l’aide de camp du Premier Consul était attendu à Loches, ils y étaient venus. Questionné par eux[1], le Sous-Préfet avait répondu : « Il doit venir, mais il n’est pas encore là. » Que faire ? L’attendre à Loches ? Aller le chercher à Tours ? Se rendre à Paris et tout découvrir directement au Ministre ? Mme Lacroix hésitait, quand elle apprit l’arrivée à Loches d’un agent de ce dernier. C’était Carlos Sourdat. S’adresser à lui était plus simple. Il avait employé naguère une personne de la connaissance de Mme Lacroix. Par cette personne, elle fit passer avis à Sourdat de venir chez elle. Il y fut. Elle le mit dans la confidence des faits qu’on vient de lire, et, sous promesse qu’il ne parlerait jamais d’elle ni de son mari, lui fournit les notes et les renseignements nécessaires pour mener sa mission à bonne fin[2].

Réserves faites sur les réticences de Mme Lacroix en ce qui concerne ses relations avec les ravisseurs et la bienveillance de ses dispositions à l’égard du prisonnier, son embarras n’avait rien d’improbable. En accueillant celui-ci sous son toit, elle avait pu croire à la courte durée ou au

  1. Nouvelle preuve que l’individu qui avait pris à Loches le nom de Guillot de La Poterie ne pouvait être Lacroix (voir page 116, note 1).
  2. Lettre de Carlos Sourdat, et dépositions des époux Lacroix à l’instruction (18-19 brumaire an IX).