Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/141

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la cachette du prisonnier, mais il avait promis de respecter sa vie jusqu’au retour de Sourdat ; il exigeait, pour rendre le Sénateur, une somme de cinquante à soixante mille francs, et l’assurance que ni lui, ni les siens, ne seraient poursuivis pour cette affaire. Les siens, c’étaient ses cinq compagnons ; il n’avait pas été question de Jourgeon ni de sa femme, ni, semble-t-il, du couple Lacroix. C’était la porte ouverte, par où l’affaire allait, quand même, être introduite devant la Justice.

Le Ministre était disposé à accorder l’impunité. Pour l’argent, il consulta Bourmont, qui fut d’avis de ne rien promettre. Sur son conseil, Fouché manda à Mme Clément de Ris de ne pas verser de rançon. Bourmont, de son côté, écrivit au chef des chouans ravisseurs une lettre « qu’il fit voir à M. de Luxembourg, et que celui-ci trouva très dure[1] ». Sourdat repartit alors pour Blois, où il vit Mme Clément de Ris et Gondé. À la première il dit les recommandations du Ministre ; au second il communiqua les propositions dont il était porteur. Après débat, elles furent acceptées et il revint encore une fois à Paris, où tout fut définitivement arrangé pour que le Sénateur retournât chez lui sain et sauf. Il fallait que tout le monde, surtout le principal intéressé, attribuât la délivrance au hasard seul. La chose n’allait pas sans difficulté. Fouché imagina une combinaison toute à son avantage. « Il désirait[2] que cette délivrance donnât une haute opinion de son adresse à diriger la police. En conséquence, il exigea qu’on fît une farce, qu’on convînt avec les enleveurs de

  1. Mémoire de Bourmont.
  2. Ibid.