Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/157

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chouans sous M. de Bourmont, aurait été de cette expédition s’il eût eu la faiblesse de céder aux sollicitations qui lui ont été faites. Je te dirai le reste à la première entrevue. Les enlèvements projetés sont motivés sur ce que le traité de pacification n’a pas été exécuté à l’égard de quelques émigrés qui sont sans ressources et qui cherchent à reprendre de vive force ce qu’ils ont perdu. Il leur est facile de surprendre des vagabonds qui profitent de la première occasion, et qui, par l’appât de quelques louis, font aisément le métier de brigands. Ce qu’il y a de certain, c’est que, le gouvernement n’ayant pas trop le moyen d’arrêter dans sa source cette espèce de brigandage, puisqu’il est forcé pour ainsi dire de temporiser avec les chefs, il est très vraisemblable que les mêmes hommes, qui ont enlevé Clément, vont former de nouveaux projets. Les citoyens Guizol, Gidoin, Bomicourt et toi étiez sur leur liste[1], et je te conjure, par l’amitié que je te porte, de revenir à Tours et de laisser ta Bellangerie jusqu’à ce que ce brigandage soit comprimé de manière à détruire toute espèce d’inquiétude. Tout ce que je sais, je le tiens d’une personne sûre, qui pense qu’il y a de l’imprudence dans ton séjour à la Bellangerie. Je n’ai rien dit à ta femme, dans la crainte d’augmenter l’inquiétude qu’elle a déjà sur ton compte et qui est bien fondée. Brûle ma lettre, parce que je serais fâché que ce que je t’écris fût connu d’une autre personne. Je t’en dirai la raison. Je viole moi-même, en quelque sorte, le secret qu’on a exigé de moi. Mais, en pareil cas, l’amitié l’emporte, et, pour

  1. À rapprocher de ce qui a été dit (pages 15-16), – de l’incertitude des brigands sur la personne qu’ils devaient enlever.