Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/164

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Entre-temps}} (thermidor 1800) des démêlés avec Bourmont amenèrent entre eux un duel qui eût pu tourner mal, s’il n’avait tourné court. Il avait été lui dire des injures chez lui. On convint d’une rencontre au Bois de Boulogne, où ils se rendirent avec leurs témoins, qui arrangèrent l’affaire[1]. C’est alors que, pour occuper ses loisirs sans négliger ses profits, il prit part, avec le concours d’autres chouans, à divers attentats et prépara l’enlèvement de Clément de Ris. Il fit, à cet effet (fructidor 1800), plusieurs voyages en Loir-et-Cher et en Indre-et-Loire, où il avait porté une caisse de sabres et laissé deux émissaires. On l’avait vu notamment à Loches, chez un de ses oncles, dont la femme et la fille, amies des Droulin, accompagnèrent plusieurs fois les Lacroix au Portail pendant la détention du Sénateur[2].

Après la délivrance, à laquelle il coopéra avec une ardeur égale à celle qu’il avait apportée à l’enlèvement, fort de l’impunité garantie et de la promesse d’un emploi de police, il manifesta l’intention de retourner chez lui, où il attendrait que le Ministre lui fournît l’occasion de montrer son savoir-faire[3] et la sincérité de sa conversion : l’air des villes était malsain ; il préférait les libres espaces, qui sont aussi les espaces libres. Fouché le retint, lui fournit de quoi vivre, et ne l’employa pas. Il tenait suspect ce néophyte. Il voulait bien tirer de lui ce qu’il savait, non le mettre à même

  1. Mémoire de Bourmont.
  2. Lettre du préfet d’Indre-et-Loire au Ministre de la Police. 9 frimaire an IX.
  3. « Vous deviez m’éloigner, comme je vous en priai dès le commencement après l’affaire du Sénateur. » Lettre de Gondé, 14 juin 1803.