Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/229

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appelés chez le juge : « Ceux-là ne valent pas mieux que les autres ! » Deux témoins, la femme Faucher et le gendarme Barbe, confirmaient le premier propos. Interpellée par le Président, la fille Tasse déclara « ne pas se rappeler, mais n’avoir, en tout cas, dit que la vérité et l’avoir dite à bien d’autres ». Et la discussion se poursuivit, âpre et serrée.

Les défenseurs étaient dans leur rôle en relevant le propos. N’en exagéraient-ils pas, à dessein, le sens et la portée ? Sous cette recommandation, adressée à sa camarade, de ne pas oublier ce qu’elle avait à dire, y avait-il réellement intention de dicter au témoin sa leçon ? N’était-ce pas plutôt acte imprudent, parole impropre et maladroite d’une femme de chambre faisant l’entendue devant une simple fille des champs, et prévenant ses hésitations à répéter devant le juge une déclaration qu’elle avait faite ailleurs ? En toute affaire, des témoins, intimidés par l’appareil judiciaire, par la crainte de se compromettre, taisent ce qu’ils savent, ou ne livrent qu’une vérité incomplète ou voilée ; tout comme d’autres, de tempérament opposé, cherchent à se faire valoir, et, par leur suffisance, discréditent la valeur de leur témoignage.

Ce fut le cas pour Mme  Bruley. Belle parleuse, aimant à se mettre en scène, préparant ses effets, elle accentua, par son effort pour en effacer le souvenir, la mauvaise impression laissée à Tours par sa déposition. Elle représenta combien sa situation était affreuse, son cœur brisé, sa susceptibilité malheureuse d’avoir à remplir le devoir que la loi lui imposait. Elle fit un récit dramati-