Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/230

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que de l’événement et rejeta sur une mauvaise rédaction du Greffier les divergences relevées entre ses déclarations actuelles et ses déclarations antérieures. Elle ne reconnut pas Aubereau ni Lemesnager, mais reconnut Gaudin, dont un des yeux était immobile et fixe, de Canchy, et, après non moins de réticences, de Mauduison, « qu’elle avait intérieurement reconnu à Tours, mais sur qui, ne reconnaissant pas alors de Canchy, elle avait jugé préférable de se taire » ! Quant à Leclerc, elle crut « devoir à sa délicatesse quelques explications » ; elle avait dit d’abord ne pas le reconnaître ; mais son sentiment s’était modifié depuis la justification présentée par le prévenu, et, sans oser rien affirmer, elle croyait s’être trompée. ─ « Oui, ou non, me reconnaissez-vous ? » interrompit Leclerc avec colère. ─ « Ma première impression subsiste », répondit-elle, parmi les murmures de l’auditoire, déjà impatienté par ses dépositions contre de Canchy et de Mauduison.

La confrontation de ce dernier mit aux prises les experts en écritures. On se rappelle que, le troisième jour complémentaire an VIII, un étranger logé à Tours chez le traiteur Duchemin s’était inscrit au registre d’hôtel sous le nom de Victor Dubuisson[1]. C’était le nom qu’avait aussi donné, à Saint-Avertin, l’un des voyageurs descendus chez Dumoy la veille de l’attentat[2] ; invité par l’aubergiste à fournir les indications d’usage, il avait écrit sur une feuille : Pierre François Dubuisson, natif de Passy, courtier en vins. La différence des prénoms, rapprochée de la similitude

  1. Voir page 65.
  2. Voir page 66.