Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/234

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Poitiers, le déjà célèbre Duboys d’Angers[1]. Il s’éleva contre le mépris versé par le Ministère public sur Carlos Sourdat. Eût-on délivré sans Sourdat ? Eût-on su la retraite du séquestré sans les confidences de ses clients à Sourdat ? Confidences tardives, dira-t-on ? Mais leur silence n’est que l’effet d’une noble crainte, celle de compromettre la vie de la victime. « Si les fers sont leur partage, conclut-il, si, pendant des années, vous les ensevelissez, eux innocents, au fond des cachots, vous ne pouvez du moins leur enlever cette idée tout à la fois consolatrice et déchirante : Clément de Ris nous doit la vie, et la captivité est le prix de cette bonne action. »

Tout était dit. Le Tribunal se retira pour délibérer. Son arrêt ne devait être rendu que le lendemain (11 brumaire-2 novembre 1801).


VII

Il était attendu avec confiance de quiconque, à Angers, s’intéressait aux prévenus. Partagé par les accusés, ce sentiment était encore fortifié par la rumeur qu’en pleine ville, devant témoins, l’un des juges avait proclamé inévitable l’acquittement. Ce juge était le capitaine Viriot.

Son attitude, en la circonstance, ajoute aux mystérieux dessous de cette affaire, féconde en surprises, le mystère d’une nouvelle énigme.

  1. Né à Richelieu (1768), avocat (1790), engagé volontaire (1791), chef de brigade (1795), rentré dans la vie civile (1796) il fut professeur de législation à l’École centrale d’Angers (1797-1804), substitut du Procureur général (1811), député de Segré (1815), et, sous la Restauration, devint l’âme de l’opposition libérale dans le département de Maine-et-Loire. Il vécut jusqu’en 1845.