Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/235

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M. Lenôtre a essayé de la résoudre en une intéressante étude[1]. Nous y renvoyons le lecteur. L’a-t-il résolue ? Disons-le tout de suite ; il ne nous a pas convaincu. Après un examen très attentif du dossier Viriot, aux Archives administratives du Ministère de la Guerre, il nous a paru que ses conclusions exprimaient une opinion plutôt qu’elles n’apportaient une preuve forçant la conviction. Comme lui nous admettrons que, dans le Rapport[2] présenté aux Consuls par le Ministre de la Guerre sur le cas Viriot, il a pu se glisser des exagérations d’appréciations ; avec lui nous regretterons qu’ultérieurement on n’ait pas cru devoir accorder aux services rendus par Viriot, aux heures cruelles de l’invasion étrangère, une réintégration dans les cadres, tardive consolation à une longue expiation. Nous ne saurions aller au delà. « Viriot, dit M. Lenôtre, ne semble pas avoir d’abord compris la gravité de son acte. » Acte, en effet, singulièrement grave. Retenons l’aveu, et, en toute indépendance, sans parti pris, efforçons-nous d’établir quelle fut réellement, avant, pendant, après les débats, l’attitude de Viriot et à quelles impulsions il céda.

Cœur généreux et pitoyable, esprit crédule et disposé à se laisser prendre aux grands mots, intelligence courte, entêté de ses idées et portant à les soutenir l’emportement d’une nature fougueuse et l’obstination d’un caractère faible, accessible aux suggestions de la vanité, sensible à

  1. Vieilles maisons, vieux papiers. Série II.
  2. Rapport fait aux Consuls par le Ministre de la Guerre, le 17 pluviôse an X, après enquête du général Girardon sur l’accusation de prévarication portée contre le capitaine Viriot dans le procès Clément de Ris.