Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/92

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l’affaire. Il émettait des avis, il donnait des ordres, et, retenu chez lui, il se rapportait à ses lieutenants du soin de les exécuter.

Savary vit sans déplaisir cet antagonisme entre le Général et le Préfet. Il s’appliqua à l’entretenir, approuvant l’un quand il réclamait une action énergique, l’autre quand il parlait de temporiser. Il trouvait, à ce double jeu, son avantage. Arbitre du différend, il aurait la haute direction des recherches et recueillerait gloire et profit de les avoir conduites à bonne fin. Cette ambition vaniteuse perce à chaque ligne de ses Mémoires : seul il a vu clair ; seul il a combiné un plan méthodique et habile ; si les résultats n’ont pas répondu à la conception, la faute en est aux instructions contradictoires de Fouché, qui ont tout compromis. – Il suffira de suivre, au jour le jour, les événements, pour distinguer, dans ces affirmations, la part de la suffisance et celle de la vérité.


II

Pendant que Mme Clément de Ris s’occupait à réunir l’argent de la rançon, Savary et le Préfet, pour donner satisfaction aux impatiences de l’opinion, aux plaintes de Liébert[1], à la mauvaise humeur de Fouché irrité[2] et désireux d’être

  1. « Le chef de brigade Savary n’a pas été peu surpris, écrit-il, de voir que cette affaire se traitait sans le concours de l’autorité militaire. Il m’en parla et témoigna sa surprise au Préfet en lui disant qu’il ne pouvait ainsi s’isoler du corps auquel il tenait. » Archives historiques du Ministère de la Guerre.
  2. Il était urgent, selon lui, de « rompre les complots de la chouannerie » et de mettre en arrestation « les hommes dont l’audace et les menées secrètes menaçaient de rallumer le feu de la guerre civile ». Archives nationales, F7 6265.