Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/93

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informé de tout au jour le jour, résolurent d’envoyer, sur les indications fournies par l’interrogatoire de Petit, une nouvelle reconnaissance dans la forêt de Loches. Elle eut lieu le 7 vendémiaire. Le capitaine Folliau la dirigeait, avec ordre de visiter les maisons les plus suspectes.

Il revint sans avoir rien trouvé, si ce n’est, dans le jardin de l’une d’elles, – c’était La Beaupinaie ! – des melons et des artichauts d’une grosseur énorme : dans aucune autre des maisons visitées, on n’avait vu de melons ni d’artichauts. « Ces indices, observait le Préfet, me paraissent d’un grand poids, surtout quand on considère que les personnes de cette maison affichaient une gaieté forcée dans un moment où, en pareilles circonstances, des personnes réellement innocentes semblent bien plus devoir être étonnées que gaies. » En effet, les habitants, pendant toute la durée de la perquisition, se moquaient, sifflaient, avec une sorte de mépris ; une demoiselle inconnue chantait, avec affectation, une chanson républicaine[1] ; la domestique, avec une assurance malhonnête, disait : Cherchez, nous ne craignons rien ; et, s’adressant à un homme de la basse-cour : Va donc ouvrir le poulailler et le toit à cochons ! Allons ! cherchez donc là-dedans, et n’oubliez rien, à tel point qu’on dut la menacer des sévérités de la loi[2]. Pourtant, on n’arrêta personne. Pourquoi ? Mollesse et négligence de la gendarmerie, écrira le Préfet. Mauvaises instructions des autorités civiles, dira Liébert, et surmenage d’un personnel

  1. C’était, dira plus tard Mme Lacroix, une de ses cousines qui cherchait à endormir un petit enfant. Dossier d’Angers.
  2. Rapport du capitaine Folliau. Dossier d’Angers.