Page:Riotor - Le Mannequin, 1900.djvu/70

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jamais le feu de la rampe ? Serait-ce dans un mois, dans six mois ? Il y aurait belle lurette qu’elle serait duchesse de Bouillon, et aurait son coupé armorié. Encore deux ou trois triomphes comme elle en remportait à chaque pièce nouvelle, et elle pourrait dicter ses volontés !

— Dis, cara madre, penses-tu pas qu’ils perdent leur temps ?

— Oui, oui, ma fille… mais dépêche-toi… il primo acte é finito…

La danseuse-étoile se mit à rire, continuant tranquillement de nouer ses cheveux…

— Est-ce qu’on n’est pas forcé de m’attendre ?…

Les deux femmes se regardèrent avec des signes de tête approbatifs. Enfin Lili descendit mollement, tandis que sa mère demeurait à. ranger ses hardes.

— Tiens, te voilà, Lili ? lui dit le directeur qui se promenait dans la coulisse, j’ai cru que tu ne viendrais pas ?

— C’est donc commencé, mossiou ?

— Mais oui, mais oui, répondit l’autre, lui tournant le dos et allant appliquer son æil à la jointure de deux portants. Lili, un peu décontenancée malgré sa fatuité, se pencha à son tour, et ce qu’elle aperçut la plongea dans une stupéfaction mêlée de fureur.

De l’autre côté du décor, à peine séparée d’elle par cette mince toile peinte, s’agitait une danseuse qui était sa propre