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CHEZ NOUS

Lecteurs, en vous servant ce poème indigeste,
Je ne m’attarde pas, en un long manifeste,
À quêter à genoux un indulgent pardon ;
Je n’écris pas pour ceux à qui le sort est bon,
Mais pour les malheureux à qui la terre est dure
Et qui ne savent rien de la littérature.
..................
........Critiques entêtés,
Ennemis indiscrets des médiocrités,
Ne m’infligez donc point de cruelles défaites.
Ah ! si vous compreniez tout le mal que vous faites,
En brisant un auteur qui fait ses premiers sauts
Pour enfourcher Pégase avec ses oripeaux !
..................
Je le sais, je ne suis qu’un rustique poète.
Ma muse est paysanne, et son habit de fête,
D’étoffe du pays, teint de sombres couleurs,
Attire la critique et non pas les flatteurs…

Pierre-Paul, donc, sait que la plupart de ses vers sont mauvais ; il n’en fera jamais de meilleurs, il le sait aussi… Mais le démon de la poésie le tient : il rime avec passion, avec acharnement. Les gens se moquent de

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