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LES QUÊTEUX

Je ne sais comment cela se fait, mais le quêteux de la paroisse reste presque toujours à l’autre bout du rang. Il y a une maison, toute en démence, et une trâlée d’enfants, tous en guenilles. Sa personne, sa famille, sa vie sont la risée de la paroisse. On ne le nomme jamais que par un sobriquet, parfois cruel. C’est L’Anguille, et il a toujours une raison pour ne pas travailler et se tirer d’affaire ; Ferme-pas-Juste, et sa bouche bée justifie son nom ; Joe-la-Galette, élevé à manger de la galette de sarrazin (ici, la malice n’est pas noire, car la galette de sarrazin, cuite sur la plaque du poêle et mangée à point, avec du sirop d’érable, c’est ce qu’il y a de meilleur au monde !) ; La Bienséance, pincé et ridicule, qui prétend donner aux enfants des leçons de savoir-vivre ; Moïse-aux-Rats, dont la nichée ne se compte plus, tant il y a de petits Rats…

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