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LES QUÊTEUX

Personne, dans le rang, ne fait boucherie, ne tue un animal, bœuf, veau, mouton, porc, sans mettre de côté un morceau présentable, qu’on fait porter chez le quêteux.

C’est pour le quêteux de la paroisse qu’à Noël on court la guignolée. Et voyez quels égards on a pour lui : le produit de cette quête, qui remplit deux berlots, viandes, grains, légumes, bois, hardes, chaussures, se dissiperait dans un rien de temps, si le tout était déposé chez lui ; on confie donc ces effets à un voisin discret qui les lui distribuera au jour le jour, selon le besoin… Le seul travail qu’il reste à faire au quêteux est d’entrer chez lui, morceau par morceau, le bois, tout scié et débité, qu’on a cordé près de sa porte.

Ce déshérité de la fortune est en quelque sorte fortuné : rien à faire, nul souci, nulle inquiétude ; sa vie est comme qui dirait assurée.

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