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chez nous

jour est déjà haut. Anselme, la besogne t’appelle ! Lève-toi !…

L’impassible dormeur ne se réveille point. Malheur à nous ! La lueur de nos aurores ne pénètre pas dans l’ombre où il est plongé.

Les heures passent, la journée s’achève…

Depuis soixante ans, c’est lui qui, le soir venu, rentre les bêtes, ferme les portes.

… Anselme ! Anselme ! Il fait sombre, et bientôt ce sera la noirceur ; car la nuit tombe. Ne feras-tu pas, comme à l’ordinaire, le tour des bâtiments ? Les vaches meuglent vers l’étable, la porte de la grange est ouverte. Va donc mettre ordre à ces choses ; puis tu viendras t’asseoir sur le perron, et, comme tu l’as fait tant de fois, tu regarderas, tranquille, décroître le jour…

Mais le laboureur, qui n’a pas vu le soleil paraître, ne voit pas plus l’ombre grandir. Gloire à Dieu ! Le vieil Anselme est entré