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chez nous

l’inconnu, elle mettait à nos pieds, comme en un miroir, tout le grand ciel bleu réfléchi…

✽ ✽

J’ai voulu la revoir.

Je me suis arrêté sur le chemin. Longuement j’ai regardé…

Et soudain, quelque chose en moi s’est brisé ! Le passé, tout à l’heure si vivant, ne m’apparaît plus que comme un rêve ; devant la réalité brutale, les images d’autrefois s’éloignent, s’évaporent et s’effacent.

Où donc est ma rivière ? Il me semble voir ce paysage pour la première fois. C’est bien le même, pourtant : voici le chemin du roi et le pont de bois ; voilà à l’ouest, la maison, et là-bas, le vieux moulin. Mais je ne reconnais pas ma rivière. Ô déception ! ma rivière si belle d’il y a trente ans, ma rivière large et creuse, c’était un maigre ruisseau,