Page:Rivard - Manuel de la parole, traité de prononciation, 1901.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
VI
INTRODUCTION

bourguignon, nous avons extrait notre langage sans retenir aucun accent provincial.

Dans un autre volume, nous traiterons de la diction expressive et de la mimique. Déjà, dans les exercices qui se trouvent à la fin de ce livre, on s’appliquera, non seulement à bien prononcer, mais encore à rendre, par les inflexions, le sens des phrases. Car il en est de l’enseignement de la diction comme de l’enseignement d’un autre art, de la peinture, de la musique ; et quelle persévérance ne faudrait-il pas au futur musicien, pour mener à bien les exercices du doigté, par exemple, si l’exécution de quelque morceau facile ne lui faisait entrevoir les effets heureux qu’on peut tirer de ces difficultés vaincues, et n’entretenait en lui, avec l’amour de son art, le désir de s’y perfectionner ?…

Le foyer est la première école, il est vrai, et l’enfant y apprend d’abord à parler la langue maternelle. Mais il n’est pas moins vrai qu’avec le seul secours de cet enseignement traditionnel, une langue serait vite perdue : des modifications, dues au caprice des individus, changeraient la prononciation et jusqu’à la forme des mots ; des altérations nouvelles s’y introduiraient à chaque génération ; et bientôt, la langue maternelle serait un patois, si l’on ne s’étudiait à la maintenir dans son intégrité, à en régler et diriger les progrès, à la défendre contre les mauvais usages.

Eh bien ! nous avons voulu aider, dans la mesure de nos forces, ceux qui s’exercent à conserver, pure de tout alliage, la langue française au Canada, et qui pensent avec nous que la prononciation est un élément important de la vie des mots.

C’est l’intention que nous avons eue en composant ce Manuel. S’il vaut quelque chose, c’est par là qu’il vaut.

L’Auteur.