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MANUEL DE LA PAROLE

CORRECTION DE LA PAROLE

10. — Pour parler avec correction, l’orateur doit émettre clairement les sons du langage articulé en donnant à chacun sa valeur prosodique, les décomposer suivant l’analyse logique du discours, et les faire entendre distinctement.

11. — Le discours est composé de propositions ; les propositions, de mots ; les mots, de sons ; et les sons sont notés graphiquement par des caractères de convention, appelés lettres, qui constituent l’écriture.

La prononciation est la traduction par des sons vocaux de ces signes graphiques.

L’étude de la prononciation est l’étude des rapports qui existent entre les sons d’une langue et les caractères qui les représentent.

Ces rapports ne sont pas constants ; un son n’est pas toujours noté par le même signe, un signe ne représente pas toujours le même son. Ainsi le son a ouvert, qui traduit généralement le signe a (avec), peut aussi traduire le signe e (femme) ; le signe b, qui régulièrement représente l’articulation b (obéir), peut aussi représenter l’articulation p (absence).

12. — La valeur phonétique des caractères est déterminée par l’usage et par le génie de la langue.

La prononciation consacrée par l’usage est bonne, parce qu’en parlant, on veut, avant tout, être compris du plus grand nombre. Mais, pour être légitime, l’usage doit porter l’empreinte du génie national. Aussi, l’arbitre suprême en fait de prononciation, est non pas l’usage suivi par le plus grand nombre, mais l’usage adopté par ceux chez qui le génie national est le mieux conservé. Il s’ensuit que nous, qui parlons la langue française, mais en qui diverses influences peuvent en avoir éteint l’esprit, nous devons suivre ce que l’usage fait de changement dans la prononciation en France.