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MORCEAUX CHOISIS

nous ne voulons pas être des ilotes ; nous sommes les successeurs des martyrs, et nous ne reculerons pas devant les successeurs de Julien l’Apostat ; nous sommes les fils des Croisés, et nous ne reculerons pas devant les fils de Voltaire.

Montalembert.


LA CAMPAGNE


Moi ! je ne peux pas souffrir la campagne… Je ne peux pas la souffrir !… Il y a des arbres… des fleurs qui sentent mauvais… des oiseaux qui font un train ! Ce n’est pas une partie de plaisir que je fuis là ! ça m’ennuie assez !… Les bêtes m’empêchent de boire, les bêtes m’empêchent de manger, les bêtes m’empêchent de dormir ! Conçoit-on ! On a eu l’idée de flanquer le couvert sous la tonnelle !… Je ne veux plus qu’on mette le couvert sous la tonnelle… Il me semblait à tout moment qu’une chenille tombait dans mon verre, et qu’une araignée se balançait sur mon assiette… là, au bout d’un fil, comme ça. Euh !

Je monte me coucher… avec une bougie. Pin ! pan ! pan ! voilà les papillons qui me tapent dans le nez, qui me tapent dans l’œil !…

Je me déshabille, je me mets au lit, je commence à m’assoupir… Bouououh ! Il faut se lever. C’est une grosse mouche, elle a peut-être le charbon ! Je la sens sur mon oreille… Je ne bouge plus ! Being ! je la manque, et je m’applique une taloche !… Furieux, je cours après, en chemise, mon bonnet de coton à la main, et je saute sur les chaises, sur la toilette, sur la table de nuit !… elle vole à la fenêtre… Boum ! je casse un carreau !… Mais au moins la mouche s’en va.

Attendez ! ce n’est pas fini. Je me recouche. Les petits cousins se disent : Ah ! bon ! Voilà le moment !… Et je te pique par ci… et je te pique par là… Je bondis à terre ; je me frotte d’ammoniaque. Une odeur !… et je cuis partout ! Mais au moins je ne sens plus les piqûres. Je me recouche !… et je commence à sommeiller.