Voilà un gueux de chien qui aboie tout au loin, un autre qui lui répond plus près, et celui de la maison qui réplique sous ma fenêtre, et une conversation des trois à devenir fou ! Quand ils se sont tout dit, je me rendors encore et cette fois tout à fait. Ah ! oui, va te promener ! Je suis réveillé en sursaut… Cocorico !… C’est le chantre du matin, qui m’avertit que le soleil se lève. Et qu’est-ce que ça me fait, à moi, que le soleil se lève ?… Je fais comme lui, hors de moi, enragé, et donnant au diable la campagne et toutes les bêtes qui l’habitent !
LE COCHE ET LA MOUCHE
Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé,
Et de tous les côtés au soleil exposé,
Six forts chevaux tiraient un coche.
Femmes, moines, vieillards, tout était descendu :
L’attelage suait, soufflait, était rendu.
Une mouche survient et des chevaux s’approche,
Prétend les animer par son bourdonnement,
Pique l’un, pique l’autre, et pense à tout moment
Qu’elle fait aller la machine ;
S’assied sur le timon, sur le nez du cocher.
Aussitôt que le char chemine,
Et qu’elle voit les gens marcher,
Elle s’en attribue uniquement la gloire,
Va, vient, fait l’empressée : il semble que ce soit
Un sergent de bataille allant en chaque endroit
Faire avancer ses gens et hâter la victoire.
La mouche, en ce commun besoin,
Se plaint qu’elle agit seule, et qu’elle a tout le soin ;
Qu’aucun n’aide aux chevaux à se tirer d’affaire.
Le moine disait son bréviaire :
Il prenait bien son temps ! une femme chantait :
C’était bien de chansons qu’alors il s’agissait !