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MORCEAUX CHOISIS

Après le repos de l’hiver, la présente successivement embellie de toutes les fleurs du printemps, enrichie des moissons de l’été, couronnée des fruits de l’automne, et fait ainsi rouler l’année dans un cercle de scènes variées sans confusion, et semblables sans monotonie, tout cela ne forme-t-il pas un concert, un ensemble de parties, dont vous ne pouvez détacher une seule sans rompre l’harmonie universelle ? et, de là, comment ne pas remonter au principe, auteur et conservateur de cette admirable unité, à l’esprit immortel qui, embrassant tout dans sa vaste prévoyance, fait tout marcher à ses fins avec autant de force que de sagesse ?

Frayssinous.


PHOSPHORESCENCES


Un vieux matelot m’a conté
Cette histoire, une nuit d’été
Que nous voguions sous les étoiles.
Assis sur le gaillard d’avant,
Tous deux nous écoutions le vent
Chanter sa chanson dans les voiles.

Tout à coup la mer s’embrasa.
Chaque vague se divisa
En d’incalculables parcelles
Brillantes comme un firmament ;
Ce fut un éblouissement
De myriades d’étincelles.

« Matelot ! mon bon matelot !
Dis-moi donc pourquoi le flot
Soudain vient se changer en flamme ?
Dis-moi donc pourquoi la mer
A fait place au grand feu d’enfer ?
Dieu prenne pitié de notre âme ! »