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MORCEAUX CHOISIS

La nuit parut longue au gendarme,
Car il faisait un froid de loup.
Dans son coin resta le gendarme,
Dans son coin demeura le loup,
Le loup ayant peur du gendarme,
Le gendarme ayant peur du loup.

Au jour, en tirant le gendarme,
On laisse décamper le loup !

Au quartier rentre le gendarme.
Dans ses foyers revient le loup.
Comme il est flambant, le gendarme !
Comme il se pavane, le loup !
Un brave à trois poils, le gendarme !
Un lapin, le loup ! « Foi de loup,
Enfants, j’ai soupé d’un gendarme ;
C’était bon pour ma faim de loup. »
— « Décorez-moi, dit le gendarme :
Cette nuit, j’ai tué deux loups ! »

Jules Truffier.


LE FLEUVE


À mi-côte de la colline boisée, le sentier, qui descend parmi les hêtres et les bouleaux, devient soudain plus élastique, et le profond tapis des feuilles mortes du dernier automne s’assouplit sous les pas du promeneur. Certainement, la lisière de la forêt n’est pas bien loin. Déjà, ce n’est plus le terrain poudreux où fleurit la rose et sèche la bruyère ; ce n’est plus la forêt sévère et silencieuse. Quelle subite fraîcheur ! On entre dans le taillis, d’un vert tendre. Sous les feuillages entremêlés, les herbes folles sont plus hautes, le velours des mousses plus dru et plus épais, et çà et là, s’arrondit la pâleur malsaine des champignons… Dans le fourré, que de chants d’oiseaux, que de frissons d’ailes ! Il doit y avoir de l’eau par ici, bien sûr.