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II
INTRODUCTION

ouvrages français ne savent pas nous éclairer suffisamment là-dessus

Nous avons donc tenté de faire un Manuel de la Parole au point de vue canadien, et ce volume en est la première partie. C’est, à vrai dire, un traité de prononciation, où l’on étudie successivement les sons, les mots, les phrases.

Les sons : leur nature, le mécanisme vocal qui les produit, leur classification, et les rapports et les différences qui existent entre eux ; les vices ordinaires d’articulation et les moyens de s’en corriger ; les caractères de l’écriture et la valeur phonétique de chacun d’eux ; enfin, nos fautes de prononciation.

Les mots : la liaison des syllabes, leur quantité, leur accentuation.

Les phrases : la liaison des mots, la distribution des pauses dans le discours, et le mouvement plus ou moins vif, plus ou moins lent de la parole.

Tel est le sommaire de cet ouvrage. Ces matières forment la base de tout enseignement logique de la parole. Nous nous sommes efforcés de les traiter et de les disposer de façon à en faire un Manuel clair et pratique. Un recueil de Morceaux choisis a été ajouté à la partie théorique, pour servir d’exercices de lecture et de récitation.

Au chapitre de la valeur phonétique des caractères, on trouvera plus de cinq cents fautes à corriger. Nous avons appelé ces fautes canadiennes, parce qu’elles ont pris racine ici ; cependant, la plupart sont d’origine française.

Une langue ne doit pas rester stationnaire ; vouloir l’immobiliser, la fixer, c’est préparer sa décadence. Car la vie du langage est dans le perpétuel mouvement de ses formes, mouvement lent et presque insensible, dont le peuple est l’agent. Et cela est vrai aussi de la prononciation. Non seulement les règles de la grammaire, mais encore l’orthographe et la prononciation des mots changent avec le temps. Consuetudo loquendi est in motu.