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cette manière ils iraient toujours à Dieu. Car c’était un de ces hommes, dont la grande âme ne comprend pas qu’on puisse avoir quelque chose à soi ; et qui,

Recevant de la gauche et donnant de la droite,
ainsi que dit le poète, vont de par le monde, cherchant des cœurs à guérir et des plaies à cicatriser.

« La pauvreté est la grande route du ciel », a dit un écrivain de notre siècle ; et cette route étroite et montante, Mgr de Laval l’a suivie, voyant avec une joie angélique ses pieds se meurtrir sur la pierre et ses mains s’ensanglanter aux ronces, baisant avec un indicible amour les croix que son épaule montait sur ce nouveau calvaire. Mais dans sa modestie, il ignorait que cette pauvreté resplendirait un jour de la lumière des élus, et que les épines qui l’avaient déchiré sur le chemin lui formeraient une couronne de fleurs immortelles, tout embaumées des parfums célestes, tout éblouissantes des clartés divines.

Avec le sacrifice des richesses, Mgr de Laval fit celui des honneurs. Il se trouvait à la tête d’une des plus nobles familles de l’Europe. Fondée au Xème siècle, la famille des Montmorency avait fourni six connétables, douze maréchaux, des amiraux, des cardinaux, des guerriers et des hommes d’état distingués ; elle comptait parmi les siens ceux qu’on nommait les premiers ba-