Page:Rivarol - De l'universalité de la langue française.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Allemands que l’Europe apprit à négliger la Langue Allemande. Observons aussi que l’Empire n’a pas joué le rôle auquel son étendue & sa population l’appeloient naturellement : ce vaste corps n’eut jamais un Chef qui lui fût proportionné ; & dans tous les tems cette ombre du Trône des Césars, qu’on affectoit de montrer aux Nations, ne fut en effet qu’une ombre. Or, on ne sauroit croire combien une Langue emprunte d’éclat du Prince et du Peuple qui la parlent. Et lorsqu’enfin la Maison d’Autriche, fière de toutes ses Couronnes, a pu faire craindre à l’Europe une Monarchie universelle, la politique s’est encore opposée à la fortune de la Langue Tudesque. Charles-Quint, plus attaché à son sceptre héréditaire qu’à un Trône où son fils ne pouvoit monter, fit rejaillir l’éclat des Césars sur la Nation Espagnole.

À tant d’obstacles tirés de la situation de l’Empire, on peut en ajouter d’autres, fondés sur la nature même de la Langue Allemande : elle est trop riche et trop dure à la fois. N’ayant aucun rapport avec les Langues anciennes, elle fut pour l’Europe une Langue mere, et son abondance effraya des têtes déjà fati-