Page:Rivarol - De l'universalité de la langue française.djvu/15

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Indes, l’invention de la poudre & de l’Imprimerie, ont donné une autre face aux Empires. Ceux qui brilloient se sont tout-à-coup obscurcis ; & d’autres sortant de leur obscurité, sont venus figurer à leur tour sur la scène du monde. Si du nord au midi le voile de la Religion s’est déchiré, un commerce immense a jetté de nouveaux liens parmi les hommes. C’est avec les sujets de l’Afrique que nous cultivons l’Amérique, et c’est avec les richesses de l’Amérique que nous trafiquons en Asie. L’Univers n’offrit jamais un tel spectacle. L’Europe surtout est parvenue à un si haut degré de puissance que l’histoire n’a rien à lui comparer : le nombre des Capitales, la fréquence et la célérité des expéditions, les communications publiques & particulieres, en ont fait une immense République, et l’ont forcée à se décider sur le choix d’une Langue.

Ce choix ne pouvait tomber sur l’Allemand ; car, vers la fin du quinzieme siecle, et dans tout le cours du seizieme, cette Langue n’offrait pas un seul monument. Négligée par le Peuple qui la parlait, elle cédait toujours le pas à la Langue Latine. Comment donc faire adopter aux autres ce qu’on n’ose adopter soi-même ? C’est des