Page:Rivarol - De l'universalité de la langue française.djvu/31

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gues par la nature même des choses, & fondé l’union du caractère d’un Peuple et du génie de sa Langue sur l’éternelle alliance de la parole & de la pensée, il est tems d’arriver aux deux Peuples qui nous attendent, et qui doivent fermer cette lice des Nations : Peuples chez qui tout differe, climat, langage, gouvernement, vices & vertus : Peuples voisins et rivaux, qui, après avoir disputé trois cents ans, non à qui auroit l’Empire, mais à qui existeroit, se disputent encore la gloire des Lettres & se partagent depuis un siecle les regards de l’Univers.

L’Angleterre, sous un ciel nébuleux, & séparée du reste du monde, ne parut qu’un exil aux Romains ; tandis que la Gaule, ouverte à tous les Peuples, & jouissant du ciel de la Grèce, faisoit les délices des Césars. Premiere différence établie par la Nature, et d’où dérive une foule d’autres différences. Ne cherchons pas ce qu’étoit l’Angleterre, lorsque répandue dans les plus belles provinces de France, adoptant notre Langue & nos mœurs, elle n’offroit pas une physionomie distincte ; ni dans les tems où, consternée par le despotisme de Guillaume le Conquérant & de Henri VIII, elle donnoit