Page:Rivarol - De l'universalité de la langue française.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que époque de notre Langue Française qu’on s’arrête, depuis sa plus obscure origine jusqu’à Louis XIII, & dans quelque imperfection qu’elle se trouve de siecle en siecle, elle ait toujours charmé l’Europe, autant que le malheur des tems l’a permis. Il faut donc que la France ait toujours eu une perfection relative & certains agréments fondés sur sa position & sur l’heureuse humeur de ses habitants. L’Histoire qui confirme par-tout cette vérité, n’en dit pas autant de l’Angleterre.

Les Saxons l’ayant conquise, s’y établirent, & c’est de leur idiome & de l’ancien jargon du pays que se forma la Langue Anglaise, appellée Anglo-Saxon. Cette Langue fut abandonnée au peuple, depuis la conquête de Guillaume jusqu’à Edouard III ; intervalle pendant lequel la Cour & les Tribunaux d’Angleterre ne s’exprimerent qu’en Français. Mais enfin la jalousie nationale s’étant réveillée, on exila une Langue rivale que le génie Anglais repoussoit depuis long-temps. On sent bien que les deux Langues s’étoient mêlées malgré leur haine ; mais il faut observer que les mots Français qui émigrerent en foule dans l’Anglais, & qui se fondirent dans une prononciation & une Syntaxe nouvelles, ne furent pourtant pas défigu-