Page:Rivarol - De l'universalité de la langue française.djvu/82

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ter la versification Grecque & Latine. Elle a d’ailleurs des vers rimés, comme tous les Peuples du monde.

Page 9. Imité & surpassé, &c.

J’entends par les Tragiques Français : car Lopès de Vega peut être comparé à Shakespéare pour la force, l’abondance, le désordre & le mélange de tous les tons.

Page 10. La noblesse des désinences, &c.

Un mendiant Espagnol qui demande uno maravedis avec un air de morgue, paroît exiger quelque grosse contribution, & ne demande réellement qu’un liard.

Page 12. La Langue vulgaire, &c.

C’est ainsi que les Italiens appellent encore leur Langue. Au tems du Dante, chaque petite ville avoit son patois en Italie ; & comme il n’y avoit pas une seule Cour un peu respectable, ni un seul livre de marque, ce Poëte, ébloui de l’éclat de la Cour de France & de la réputation qu’obtenoient déjà en Europe les Romans & les Poëmes des Troubadours & des Trouveurs, eut envie d’écrire tous ses ouvrages en Latin, & il en écrivit en effet quelques-uns dans cette Langue. Son Poëme de l’Enfer étoit déjà ébauché & commençoit par ce vers :

Infera regna canam, mediumque, imumque Tribunal,

Mais encouragé par ses amis, il eut honte d’abandonner sa Langue. Il se mit à chercher dans chaque patois ce qu’il y sentoit de bon & de grammatical, & c’est de tant de choix qu’il se fit un langage régulier,