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Page 36. Sa Littérature ne vaut pas un coup-d’œil.

Je ne parle point du Chancelier Bacon & de tous les personnages illustres qui ont écrit en Latin : ils ont travaillé à l’avancement des sciences & non au progrès de leur propre Langue.

Idem. Tronquerent ces finales qui leur étaient inutiles.

Les Italiens, les Français & les Espagnols ayant adopté les Verbes auxiliaires de l’ancien Celte, les heureux composés du Grec et du Latin leur semblerent des hiéroglyphes trop hardis ; ils aimerent mieux ramper à l’aide du Verbe auxiliaire & du Participe passé, & dire, j’aurais aimé, qu’amavissem. Cette timidité des peuples modernes explique aussi la nécessité des Articles & des Pronoms. On sait que la distinction des cas, des genres & des nombres, chez les Grecs & les Latins, se trouve dans la variété de leurs finales. Mais, pour l’Europe moderne, cette différence réside dans les signes qui précedent les Verbes & les Noms, & les finales sont toujours uniformes. En y réfléchissant, on voit que les lettres & les mots sont des puissances connues avec lesquelles on arrive sans cesse à l’inconnu, qui est la phrase ou la pensée ; & d’après cette idée algébrique, on peut dire que les articles & les pronoms sont des exposants placés devant les mots pour annoncer leurs puissances. L’article le, par exemple, dit d’avance qu’on va parler d’un objet qui sera du genre masculin & du nombre singulier. Ainsi l’article devant