Page:Rivaudeau - La doctrine d’Epictète stoïcien.djvu/107

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Si je ne chastie mon enfant, il sera mauvais garçon. Car il faut mieus endurer la faim, mais que ce soit sans ennuy et sans crainte, que vivre en abondance de biens avec un milier de troubles d’esprit. Il t’est plus désirable que ton fils soit mauvais que toy malheureus. Or sus, commance par les plus petites choses. As-tu perdu un peu d’huyle, ou un peu de vin, pense qu’autant te couste le repos et tranquillité de ton esprit, car nul bien se peut aqùerir pour rien. Si tu appelles ton fils, pense qu’il est bien possible qu’il ne l’entende pas, ou s’il l’entend, qu’il ne face rien de ce que tu veus. Mais sa condition ne doit estre si avantageuse que pour luy tu te rompes la teste.

Chapitre XI.
Il ne faut desirer gloire ni bruit parmi les hommes.

Si tu desires ton bien, souffre que l’on te juge, pour les choses qui sont hors de toi, simple et de peu d’avis, et au reste ne desire point estre estimé savant, et encores que les autres te pensent estre abile homme, ayes defiance de toymesme. Car il n’est pas aisé de se maintenir en sa resolution conforme à la nature, et aus choses externes ensemble. Mais il est tresnecessaire que celuy qui a grand soing de l’un oublie l’autre.

Chapitre XII.
De ne s’affectionner immoderement aus choses dont nous ne pouuons disposer.

Si tu veus que ta femme et tes enfans vivent à jamais, tu es fol, car tu veus que ce qui n’est pas en ta puissance, y soit, et que l’autruy soit tien. De mesme si tu veus que ton fils ne pèche jamais, tu es un fad, car tu ne veus