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Page:Rivaudeau - La doctrine d’Epictète stoïcien.djvu/18

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quement en lui accordant, non seulement dans son palais à Florence, mais encore dans une délicieuse retraite à Fiesole, une vie de bien-être et des loisirs qui permirent à ce poète bibliophile, enthousiaste des auteurs grecs, de découvrir les trésors de l’antiquité. C’est au cours de ses laborieuses recherches qu’il tomba sans doute quelque jour sur un de ces manuscrits, où le Manuel d’Épictète se trouvait mêlé au Commentaire. Élève de Marsile Ficin, passionné comme lui pour cette Grèce qui revivait dans le milieu enchanteur de la Florence des Médicis, il se laissa prendre à la logique des idées, comme il se laissait prendre à l’harmonie de la forme, et le Manuel d’Épictète le séduisit, si sévère fût-il.

Épictète avait trouvé le secret d’équilibrer, d’unifier les forces de la nature que les hommes de la Renaissance, et Politien comme les autres, sentaient se combattre avec tant de passion en eux.

Il suffira, du reste, de relire la lettre que Politien adresse à Laurent de Médicis, en lui dédiant sa traduction, pour comprendre que ce n’est point l’humaniste seul qui fut entraîné vers Épictète, mais l’artiste moraliste, disciple de Platon, soucieux de l’harmonie des forces de l’âme ; le lettré reconnaissant, soucieux de rendre en bien moral à un maître généreux le fruit d’un travail qu’il devait à ses largesses.

Il a découvert ce manuscrit en fouillant la riche bibliothèque de Laurent de Médicis ; ce petit opuscule, unique en son genre, il l’a cueilli comme on cueille une fleur rare par sa délicatesse, dans un jardin, et il l’offre à son maître[1].

Ce livre lui semble convenir à merveille à Laurent de Médicis, si naturellement porté à accomplir de grandes choses, des tâches difficiles dans un temps très dur.

  1. Cf. Politien, Opera omnia (Venise 1498). Lettre à Laurent de Médicis « Nam quum universam tuæ pulcherrimæ bibliothecæ suppellectilem, quam tute nobis utendam concessisti, nuperrime scrutarer ; hoc unum merito opusculum, quasi ex horto flosculum, quod tibi afferrem, delibavi. Hic enim unus est liber (nisi me opinio fallit), qui et naturæ isti tuæ ad magna quædam semper atque ardua excitatæ, et his tam duris temporibus, quibus te undique fortuna exercendum accepit maxime omnium conveniat. »