Page:Rivaudeau - La doctrine d’Epictète stoïcien.djvu/7

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



AVANT-PROPOS


Dans le cours de mes recherches sur la renaissance du stoïcisme au xvie siècle, j’avais été d’abord frappée de la place prépondérante accordée par les humanistes à Sénèque et à Cicéron, tandis qu’Épictète et son Manuel étaient quelque peu laissés dans l’ombre. Je ne considérais alors que les éléments épars du stoïcisme, mais au fur et à mesure que se précisait pour moi la synthèse stoïco-chrétienne, l’idée se faisait plus nette que j’en trouverais l’expression complète dans les traductions et commentaires du Manuel.

Une intéressante traduction française avait été signalée par M. Strowski dans son premier volume sur Pascal et son temps : celle d’André Rivaudeau, publiée à Poitiers en 1567. Elle me parut significative. J’y retrouvais les traits essentiels du néo-stoïcisme comme fondus dans un ensemble un et harmonieux.

Il m’a donc paru utile non seulement de la publier intégralement comme les Observations qui l’accompagnent, mais encore de la placer dans le cadre qui lui convient, c’est-à-dire à la suite des traductions latines et des traductions françaises et je dirai même des éditions les plus importantes d’Épictète qui en déterminèrent l’orientation.

Ces traductions marquent en effet comme des étapes dans l’effort que fit la pensée chrétienne pour s’assimiler la pensée stoïcienne. De curieuses lettres ou préfaces en témoignent. On y voit progressivement le stoïcisme se dégager de ses dogmes pour s’adapter à la métaphysique platonicienne jusqu’au moment où s’achève sa synthèse définitive dans le néo-stoïcisme.